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Colloque International Leon L'Africain In May 2003, Francois Pouillon (EHESS, Paris) organized a phenomenal international meeting of Leo Africanus scholars. Specialists from numerous fields (History, Anthropology, Geography, Linguistics, Philosophy) met to explore the complementary nature of their understanding of Leo's persona and place in Mediterranean scholarship. The result was an explosive 3 day session on the bases of our shared cultures and heritage. Output: Details:
EHESS-CHSIM-IISMM, 96 Bd Raspail, 75006 Paris; 33 1 53 63 02 40 - pouillon@ehess.fr Léon dit l'Africain, Leo Africanus, ou, si l'on préfère, Hassan al-Wazzân a reçu une reconnaissance ancienne comme auteur du texte qui est l'une des sources majeures de l'histoire sociale du Maghreb et de l'Afrique sahélienne pour la période des "siècles obscurs". Avec sa Description de l'Afrique, présentation très avertie d'une "Barbarie" lato sensu, il fournissait en effet à un monde chrétien qui ne s'y risquait guère, ou à son corps défendant, un document de premier ordre qui allait être méthodiquement scruté (et pillé) par des historiens de tous bords. Le chef d'oeuvre de cette exploitation positiviste du texte se trouve être aussi le premier travail universitaire du grand orientaliste français Louis Massignon. Pourtant la connaissance de Léon l'Africain a été considérablement renouvelée depuis qu'une biographie sans prétentions scientifiques, mais fort sérieusement documentée, a connu un succès de librairie. On s'est préoccupé davantage alors de revenir à un auteur resté longtemps effacé, tout en retrait derrière son oeuvre, et de poser sérieusement le problème de la critique des sources. Car ce personnage assurément attachant incarne quand même la figure ambiguë du transfuge et du renégat. Quand bien même il serait finalement revenu à la religion de ses pères, son cas appelle à reposer le problème du témoignage en Islam, qui se garantit d'autre manière que par la vraisemblance, mais par la fiabilité sociologique du témoin. Il s'ensuit des écarts d'interprétation sur une figure qui peut représenter ici le modèle du passeur de frontières, celui d'une personnalité métisse, telle que l'on aime aujourd'hui en imaginer à cette période incertaine, entre les blocs qui vont se partager la Méditerranée. Pour d'autres, et dans les réveils identitaires qui marquent l'époque contemporaine, ce personnage hybride apparaît comme dangereusement bâtard, et mérite tout au plus d'être laissé dans l'ombre, ou reconfiguré. C'est dans cette tension entre document et subjectivité, témoignage et espionnage, identités primordiales ou transitoires, que l'on voudrait se placer. On cherchera à rassembler des historiens de la littérature, du voyage, ou de l'économie sociale du Maghreb et de l'Afrique au sortir du Moyen Age, et confronter leurs méthodes dans l'approche de ce texte ancien. Sollicitant les meilleurs spécialistes de notre auteur, les utilisateurs les plus méthodiques de ses oeuvres, on voudrait refaire la chaîne de circulation de l'information et des savoirs, la généalogie de ses traitements et des relectures auxquels ils donnent lieu. À partir de l'étude d'un texte et d'un auteur aussi riches que problématiques, il s'agira de conduire une entreprise d'épistémologie historique, sur les principes d'administration de la preuve et les conceptualisations différentes du savoir dans les cultures scientifiques diverses mais communicantes : anciennes et modernes, d'Orient et d'Occident. À partir de Léon L'Africain, il s'agira en somme de penser ensemble l'avancement de la science et le choc des civilisations. Jeudi matin (9h.30-13h.) :
Discussion Jeudi après-midi (14h.30-18h.) : La Description à l'épreuve du terrain
Vendredi matin (9h.30-13h.)--54 Bd. Raspail : Lectures de la Description de l'Afrique
Vendredi après-midi (14h.30-19h.)--54 Bd. Raspail: Identités de Léon l'Africain
Discutants/modérateurs : Dominique Caubet (INALCO), Federico Cresti (COSMICA, Université de Catane), Mohammed Kenbib (Université Mohammed V, Rabat), Elikia M'bokolo (EHESS), Henri Moniot (Univerité Paris VII), Jean-Claude Vatin (CNRS) Samedi matin (10h-12h.30) - séance publique à l'Institut du Monde Arabe (Salle du Haut Conseil), 1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75006 Paris Les métamorphoses de Léon l'Africain : le roman de l'érudition Fascinant Jean Léon l'Africain, alias Hassan al-Wazzân, sur la personnalité duquel ses lecteurs, depuis Jean Bodin jusqu'à W. B. Yeats, se sont interrogés pendant des siècles. Il a trouvé vie et substance dans le roman d'Amin Maalouf (Jean-Claude Lattès, 1986 ; Le Livre de Poche, 1989), dont le très grand succès a révélé à un large public son existence mouvementée entre l'Orient et l'Occident, qui lui permit de croiser les chemins du sultan du Maroc, du pape Léon X, du corsaire Barberousse, et de Salim, Grand Seigneur des Ottomans. La Description de l'Afrique est une des sources majeures sur le Maghreb au XVIe siècle, mais son influence se mesure aussi à l'intérêt souvent passionné que suscite le destin exceptionnel de son auteur, au point de rencontre des cultures de la Méditerranée. Les métamorphoses de ce personnage entre érudition et littératures séduit savants et curieux dans les plaisirs conjugués de la fiction et de l'histoire. Présentation par François Pouillon (EHESS). Débat animé par Bernard Rosenberger (Université Paris VIII) et Driss Mansouri (Université de Fès). Avec le participation de : Mme Natalie Zemon Davis (Université de Princeton), auteur du Retour de Martin Guerre, (Robert Laffont, 1982) et de Trickster Travels: A Sixteenth-Century Muslim between Worlds, (sous presse) M. Dietrich Rauchenberger (Hambourg), auteur de Johannes Leo der Afrikaner, (Wiesbaden, Harrassowitz-Verlag, 1999) Mme Oumelbanine Zhiri (University of California, San Diego), auteur de L'Afrique au miroir de l'Europe : Fortunes de Jean Léon l'Africain à la Renaissance (Genève, Droz, 1991), et de Les Sillages de Jean Léon l'Africain du XVIe au XXe siècle (Casablanca, Wallada, 1995). |